Les disciples laïcs de Nichiren par le Rév. Kanji Tamura Professeur à Rissho University |
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La période de Kamakura fut celle des samouraïs et du contrôle par les armes. C'était une société féodale organisée selon la dépendance stricte des vassaux envers leur suzerain et où les femmes devaient aux hommes une totale soumission. L'ordre et la sécurité étaient précaires et aucune science médicale n'était en mesure d'arrêter les épidémies. Il arrivait que les guerriers samouraïs tuent des gens ordinaires par simple bravade. C'était l'époque où les gens étaient constamment confrontés avec la mort. L'espérance de vie était de 20 à 30 ans en moyenne. En réaction, les hommes de cette époque appréciaient profondément les joies de la vie et sa valeur inestimable. Dans le Japon actuel, où l'espérance de vie est une des plus longues au monde, il semblerait que les hommes n'accordent pas autant de prix au fait d'être simplement vivants. Que peut nous enseigner la relation qui existait entre Nichiren et ses disciples? Penchons-nous sur les vies de Nichiren et de ses adeptes telles qu'elles apparaissent à travers leur correspondance et examinons les circonstances dans lesquelles les conseils de Nichiren furent formulés. Toki Jonin (1216 - 1299) était l' un des plus influents dirigeants des disciples laïcs de Nichiren. Il résidait au temple Hokekyo-ji-Okunoin à Shimousa-Wakamiya (Nakayama, Ichikawa City) de la préfecture de Chiba. Il était au service du puissent seigneur local, Chibanosuke, dont le nom devint celui de la préfecture. Toki Jonin est né à dans la province d'Inaba (préfecture de Tottori) mais son père, Rennin, déménagea bientôt avec sa famille dans le Kanto. Toki Jonin avait six ans de plus que Nichiren et entretenait avec celui-ci une relation très étroite. Il prenait soin des parents de Nichiren, comme il ressort des lettres de ce dernier. La famille Chiba était vassale directe du bakufu de Kamakura depuis le premier shogun. Une des ses branches possédait une résidence familiale à Kamakura et lorsque son seigneur s'y rendait, Toki Jonin l'accompagnait. Tout en habitant indépendamment, il semble qu'il se rendait quotidiennement à la résidence des Chiba. Lorsque, à l'âge de 32 ans, Nichiren proclama l'établissement d'une nouvelle école bouddhique et quitta le temple de Seicho-ji pour s'établir à Kamakura, Toki Jonin y devint son fidèle soutien dans la mission de propagation. Toki Jonin fut marié deux fois. Sa deuxième femme, Toki-ama, était originaire de Fuji-Omosu (préfecture de Shizuoka). Elle avait deux fils d'un premier lit. Le premier de ses deux fils, Iyobo-Nitcho (1252–1317) devint plus tard l'un des six disciples aînés de Nichiren. Le second, Jakusenbo-Nitcho (1261–1310), devint disciple de Niko (lui-même l'un des six disciples aînés de Nichiren). Cependant ce cadet, Nitcho, deviendra plus tard disciple de Nikko (également l'un des six disciples aînés de Nichiren) qui en fera le premier administrateur principal d'Omosu-Dansho, le séminaire bouddhique créé dans le temple Honmon-ji d'Omosu. Les deux frères étaient exceptionnellement doués. Nichiren fondait les plus grands espoirs dans l'aîné, Iyobo-Nitcho bien qu'il se faisait du souci à cause des tensions permanentes qui existaient entre lui et son beau-père, Toki Jonin. D'après les lettres de Nichiren, depuis son plus jeune âge, Toki Jonin l'avait aidé à poursuivre ses études. Cela signifie que Toki Jonin était un proche de Nichiren avant même de devenir son disciple. En tous cas, il est certain que Nichiren écrivit plus de quarante lettres à lui et à sa femme. Comme Toki Jonin connaissait particulièrement bien la doctrine de Nichiren, celui-ci adressait souvent ses enseignements à tous ses adeptes par des lettres adressées à Toki Jonin. J'aimerais m'arrêter un peu sur le gosho Bojikyoji (Oublier sa copie personnelle du Sutra) adressé à Toki Jonin. En mars 1277, Toki Jonin se rendit au Mt Minobu pour dédier à la montagne les cendres de sa mère, décédée un mois auparavant. Nichiren avait alors 55 ans et Toki Jonin 61. Après la cérémonie funéraire, Toki Jonin repartit chez lui. Constatant que celui-ci avait oublié sa copie du Sutra, Nichiren lui dépêcha un messager pour la lui rapporter et y joignit une lettre où il se moquait des personnes oublieuses disant :
Puis Nichiren critique les prêtres des autres écoles qui dénigrent Nichiren lui reprochant d'oublier les véritables intentions du Bouddha. Montrant à quel point étaient méritoires les actes des saints du passé qui n'hésitaient pas à risquer leur vie pour sauvegarder les enseignements du Bouddha, Nichiren loue les actes de piété filiale de Jonin, même si ce sont des actes de bompu et non ceux d'un saint:
Dans son immense chagrin causé par cette perte, Toki Jonin a attaché au cou les cendres de sa mère et partit de Shimousa pour rendre visite à Nichiren au Mt Minobu. Dans son ermitage les deux hommes ont lu et psalmodié les sutras. Et Nichiren poursuit :
C'est pourquoi Nichiren a pensé qu'ayant la même foi, Toki Jonin et ses parents avaient réalisé sokushin jobutsu (atteinte de la bodhéité dès ce corps). Toki Jonin était pleinement satisfait de la cérémonie dédiée à la mémoire de sa mère et quitta Minobu rasséréné. La lettre de Nichiren nous apprend plusieurs choses : SUITE : Shijo Kingo |
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